Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel, Pape Ndiaye, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, et Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, lors de la conférence de rentrée du ministère de l’Education nationale, le 26 août 2022.
Réforme du lycée professionnel : le gouvernement s’apprête à ouvrir des concertations
Faire de la voie professionnelle une filière d’excellence : c’est l’une des priorités du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse qui tenait sa conférence de presse de rentrée, vendredi 26 août. Piloté par Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, ce chantier va associer l’ensemble des parties prenantes avec pour objectif de réduire le nombre de décrocheurs et d’améliorer les taux d’insertion dans l’emploi.
Par Estelle Durand – Le 29 août 2022.
Annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, la transformation de la voie professionnelle fait partie des priorités du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Il s’agit de faire de la voie professionnelle « une filière d’excellence dans toutes ses dimensions » et de permettre aux jeunes de s’inscrire « dans un parcours de réussite et d’insertion professionnelle », a précisé le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Pape Ndiaye, lors de sa conférence de presse de rentrée, vendredi 26 août.
« C’est une réforme à laquelle je tiens beaucoup », a souligné le président de la République lors de son intervention devant les recteurs le 25 août à la Sorbonne. « En troisième, un collégien sur trois s’oriente dans la voie professionnelle (…) trop souvent sans l’avoir voulu. Les lycéens professionnels comptent deux tiers de décrocheurs et accèdent plus difficilement à l’emploi », a rappelé le chef de l’Etat.
Améliorer les taux d’insertion
Ce vaste chantier sera piloté par Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels, rattachée aux ministères de l’Éducation nationale et du Travail. Elle s’apprête à lancer des discussions avec l’ensemble des parties prenantes : personnels éducatifs, syndicats, représentants des parents d’élèves, élus locaux, Régions, acteurs économiques, chefs d’entreprises, acteurs de l’emploi et de la formation. « La réforme que je veux conduire dans le dialogue et la concertation vise trois objectifs : réduire le nombre de décrocheurs, faire progresser le taux d’insertion dans l’emploi et faciliter les poursuites d’études », précise-t-elle.
Créer des liens avec le monde de l’entreprise
Les atteindre suppose de rapprocher davantage les lycées professionnels du monde du travail, ce qui passera notamment par une augmentation d’au moins 50 % des périodes de stage en entreprise, comme l’a annoncé le président de la République devant les recteurs. Et pour valoriser ce temps passé en entreprise, les lycéens percevront « une gratification financée par l’État », précise la ministre déléguée. Un des enjeux de la réforme sera de développer ces temps d’immersion en entreprise tout en préservant la qualité de l’enseignement des savoir fondamentaux. « C’est un sujet sur lequel les partenaires sociaux du monde éducatif m’ont interpellée. Je les ai assurés de mon attachement à ces savoirs fondamentaux », a précisé Carole Grandjean. Pour favoriser une meilleure articulation entre les projets pédagogiques et les périodes en entreprise en tenant compte des spécificités des filières et des métiers, davantage d’autonomie sera donnée aux chefs d’établissements.
Revoir la carte des formations
Dans son intervention devant les recteurs, le président de la République est allé plus loin en évoquant des pistes complémentaires : recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel « qui verra sa place renforcée dans les conseils d’administration », préparer les jeunes à la recherche d’emploi avant la fin de leurs études, ou encore revoir, « en lien avec les Régions » la carte des formations. Autrement dit, « fermer celles qui n’insèrent pas », « développer celles qui marchent » et « en créer de nouvelles tournées vers les secteurs qui recrutent », mais aussi « adapter les diplômes aux nouvelles compétences requises en faisant preuve d’agilité. »
Découverte des métiers dès la 5ème
En lien avec la réforme et plus généralement pour mieux informer les jeunes et leurs familles sur les métiers, le ministère de l’Éducation nationale va par ailleurs instaurer à titre expérimental, à la rentrée 2022, une demi-journée hebdomadaire de découverte du monde professionnel dès la classe de 5ème . Cette mesure annoncée par le président de la République à la Sorbonne, vise « à mieux accompagner l’orientation des collégiens, à leur faire découvrir la diversité des métiers afin de renforcer leur capacité à opérer des éclairés le moment venu », précise Pape Ndiaye. Ces demi-journées « Avenir » pourront prendre la forme de « mini-stages », de visites d’entreprises ou de lycées professionnels, d’échanges avec des professionnels ou des anciens élèves… Les collèges qui seront volontaires pour s’engager dans cette démarche seront accompagnés par les rectorats.
Lycées professionnels : chiffres clés
- 626 700 lycéens professionnels, soit un lycéen sur trois
- 2 090 lycées proposent des formations professionnelles
- 600 spécialités de diplômes proposées, du CAP au BTS
- 12 680 euros de dépense moyenne par an pour un lycéen professionnel
- En juillet 2021, un an après leur sortie d’études, 49 % des lycées professionnels ont un emploi salarié dans le secteur privé (contre 69 % pour les apprentis)