« Mona », programmée pour lever les freins à la mobilité européenne des apprentis

« Mona », programmée pour lever les freins à la mobilité européenne des apprentis

Au dernier jour de la présidence française de l’Union européenne, jeudi 30 juin, le gouvernement, EuroAppMobility et Erasmus +France ont lancé le programme Mona, alias « Mon apprentissage en Europe », financé à hauteur de plus de 17 millions d’euros.

Par Sarah Nafti – Le 01 juillet 2022.

Mona, en référence à Mona Lisa et au programme Léonardo, premier programme européen de mobilité des apprentis, vise à lever les freins sur la mobilité longue des apprentis. « Il s’agit d’une expérimentation de 4 ans, avec 42 CFA prêts à relever le défi, qui permet de financer et former dans chaque CFA un référent mobilité à temps plein, de créer des outils numériques et des groupes de réflexion pour régler les questions juridiques et académiques », explique Jean Arthuis, président d’EuroAppMobility, à l’origine du projet Mona « Mon apprenti en Europe ». « Les freins à la mobilité sont réels, affirme-t-il, alors que l’on connaît les bienfaits d’une mobilité longue pour les étudiants. » Il veut « mettre fin à la discrimination dont souffrent les apprentis ». Le projet Mona a bénéficié de financements du plan France 2030 et sa partie « compétences et métiers d’avenir » et devrait permettre, au bout de 4 ans, d’accompagner 10 000 apprentis vers des mobilités longues.

Compétences interpersonnelles

Sébastien Thierry, directeur adjoint d’Erasmus + France, relève « une augmentation constante de la mobilité des alternants » dans le programme Erasmus+. Ils étaient 7000 lors du dernier comptage en 2018-2019, soit 30% de plus que deux ans auparavant. « Les études menées comme les témoignages attestent que la mobilité est utile. Elle permet d’acquérir des gestes et des techniques mais aussi des « soft skills » ou compétences interpersonnelles, si importantes au quotidien dans l’environnement professionnel et au-delà. » Pour Sébastien Thierry, la mobilité contribue à former des citoyens « qui font partie d’un projet européen » porteur de valeurs. Afin de soutenir la mobilité longue, Erasmus+ a introduit une bonification dans l’allocation des fonds pour les organismes qui prévoient de la mobilité longue et travaille avec d’autres partenaires à la professionnalisation des référents mobilité dans les CFA par des parcours de formation et un guide des compétences. La question de la reconnaissance et l’inscription de la mobilité dans les parcours de formation reste aussi à régler. « Mona s’inscrit dans une ambition forte, 35 ans après Léonardo, c’est une renaissance. »

Pari audacieux

Clément Beaune, ministre délégué à l’Europe, y voit « un pari audacieux » pour les entreprises et les centres de formation engagés, qui donne « une chance de développer les compétences pour nos jeunes, et notre avenir ». Le ministre a estimé que l’apprentissage et la mobilité avaient été parmi les priorités de la présidence française de l’UE, qui s’achève aujourd’hui. « Il y a eu un rude combat pour augmenter les crédits d’Erasmus+ », a-t-il rappelé, constatant que cela permettait « un changement d’échelle dans les mobilités ». Pour le ministre, « beaucoup a été fait » dans la mobilité des apprentis et ce, grâce à la mobilisation des acteurs de la formation.

Réussite professionnelle des jeunes

« Le projet Mona s’articule parfaitement avec les efforts mis en œuvre pour favoriser la réussite professionnelle des jeunes », a jugé Olivier Dussopt, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. Le développement de l’apprentissage, passé de 300 000 contrats en 2017 à 730 000 en 2022, « participe à la réussite professionnelle » et est « une voie d’excellence ».

Prolongation de la période de suspension

Soutenir Mona était dès lors « une évidence ». L’Etat, avec le plan France 2030, finance 70% du projet. « Nous croyons à l’apprentissage et à la mobilité qui permet d’améliorer l’insertion professionnelle et la réussite ». Le ministre a cité une étude qui affirme que l’employabilité de ceux qui ont effectué une mobilité était supérieure à ceux qui n’en avaient pas fait dans 86% des cas. Mais « il y a encore des chantiers à mener », notamment de simplification administrative, ou encore de difficultés légales : « Nos services sont mobilisés pour que la période de suspension de 4 mois des contrats d’apprentissage lors d’une mobilité puisse être prolongée. » Le projet Mona doit aider tous les acteurs à réfléchir à de nouvelles solutions.

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david