VAE inversée, une solution pragmatique à la pénurie de compétences

VAE inversée, une solution pragmatique à la pénurie de compétences

Dernière métamorphose d’une validation des acquis de l’expérience en pleine transformation, la VAE inversée devrait entrer dans sa phase d’expérimentation au printemps. Adossé à un contrat de professionnalisation assoupli, ce parcours de formation en situation de travail menant à une certification vise les métiers en tension et l’insertion professionnelle des publics les plus éloignés de l’emploi.

Par Catherine Trocquemé – Le 01 mars 2023.

Introduite dans la loi « marché du travail » de décembre dernier, l’expérimentation de la VAE inversée devrait démarrer dans quelques semaines. Et pourtant, nombreux sont ceux qui restent encore perplexes. A peine née, cette nouvelle version de la validation des acquis d’expérience suscite des interrogations. Il faut dire que depuis deux ans, ce dispositif, resté longtemps en sommeil, se métamorphose et retrouve une seconde jeunesse. Assouplie, libérée de certaines contraintes administratives, articulée avec des actions de formations et l’obtention de blocs de compétences, la VAE se veut hybride et s’éloigne peu à peu de sa configuration d’origine. L’expérimentation Reva et le rapport Rivoire portent cette transformation. Le gouvernement y voit désormais un outil de mobilité et d’insertion professionnelles et une réponse à la problématique devenue critique des métiers en tension. L’exécutif se fixe ainsi l’objectif ambitieux de passer à 100 000 parcours par an d’ici la fin du quinquennat contre à peine 30 000 par an. Dans ce contexte et face à l’urgence de la situation sur le front de l’emploi, l’idée de la VAE inversée a été glissée dans la loi « marché du travail ». Derrière ce petit nom de baptême se cache un dispositif pragmatique dont il n’est pas toujours facile de reconnaître la filiation avec celui imaginé par Vincent Merle il y a 20 ans.

Du pragmatisme face aux enjeux des compétences

Pour le ministère du Travail, il faut agir vite sur la résorption des métiers en tension. Malgré les efforts déployés par les branches et les pouvoirs publics, le phénomène persiste et pénalise la croissance économique. Il s’agit de rapprocher les entreprises en mal de compétences et un public éloigné de l’emploi et de la formation. Adossée à un contrat de professionnalisation, la VAE inversée propose un parcours de formation en situation de travail via l’Afest et sa reconnaissance par une certification professionnelle. On ne part plus de l’expérience passée du candidat mais d’un projet professionnel.  Le dispositif devient donc ainsi un levier de reconversion ou de transition. Autre intérêt, cette approche favorise l’insertion professionnelle et l’accès à la certification de personnes en situation de décrochage pour lesquels les formations « académiques » ne sont pas adaptées. Plus courts, mieux financés et sécurisés par un contrat de professionnalisation, les parcours de VAE inversée devront faire leur preuve lors d’une expérimentation prévue sur trois ans. Des textes réglementaires poseront le cadre juridique et la méthodologie des appels à projets.

Un contrat de professionnalisation « sur-mesure »

De nombreuses applications peuvent être envisagées, de la VAE inversée collective dans le cadre du plan de transformation d’une organisation à des initiatives inter-branches en passant par l’appui au recrutement. Un décret fixera une liste de certifications professionnelles éligibles, en lien avec les métiers en tension.  Des mesures dérogatoires adapteront les règles du contrat de professionnalisation. Sa durée de 6 à 12 mois sera ainsi assouplie afin de pouvoir s’adapter au temps de la formation nécessaire à l’obtention de la certification professionnelle. Enfin, un montant de prise en charge forfaitaire plafonné et pris sur l’enveloppe alternance de France compétences couvrira l’accompagnement, les frais pédagogiques et l’ingénierie d’un parcours structuré autour de l’Afest et de la préparation à l’examen. La VAE inversée donne le ton des ajustements attendus dans les prochains mois. Face aux besoins inédits en compétences, l’heure est au pragmatisme, à l’assouplissement des dispositifs existants, aux modalités d’apprentissage agiles type Afest et à des politiques publiques ciblées sur les enjeux de transition professionnelle.

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david